Après l’escale à Ambalavao, le paysage le long de la route nationale 7, appelée aussi RN7, change encore une fois pour faire place à des plaines et des plateaux dont l’horizon est à perte de vue. Quand le relief change, le climat change aussi avec lui. Fini le temps frais et crachineux du pays Betsileo. Le soleil est omniprésent, le ciel d’un bleu presque immaculé. La température frôle souvent les 30 degrés Celsius.
Ihosy, la capitale d'Ihorombe
Notre voyage nous emmène déjà à Ihosy. Nous sommes dans la capitale de la région Ihorombe et de l’Ethnie Bara. Un peuple réputé pour son courage et sa virilité. La légende raconte qu’adolescents, les Bara sont priés de voler un zébu pour montrer leur courage. Pour ce peuple, ce rituel marque le passage vers l'âge adulte et s'attirer les faveurs d’une femme.
Les hommes Bara sont très coquets avec leurs attirails. Ils portent des colliers et des pendentifs, des talismans et parfois des peignes sur les cheveux. Ce peuple de pasteurs nomades se déplace souvent armés de sagaie, de coupe-coupe ou même de fusil. Mais il ne faut pas se laisser dominer par la peur, au fond ils sont très sociables.
La région est désertique. Pour autant, elle ne manque pas de charme. A quelques kilomètres de la ville d’Ihosy se dresse le plateau d’Ihorombe qui s’étend sur des dizaines de kilomètres. Parfois, on peut se laisser croire que la route ne finira jamais tellement elle est droite.
A première vue, c’est plat et monotone. Mais de temps en temps, les voyageurs peuvent apercevoir des palmiers Bismarkia ou “Satrana”. Les habitants les utilisent pour construire leurs cases. Les “Satrana” peuvent atteindre 25 mètres de haut et leurs feuilles en forme d’éventail mesurent jusqu’à 3 mètres. La nuit, il n’est pas rare de voir des hiboux perchés sur ces arbres.
La région regorge de grottes. A moins d’avoir peur des chauves-souris qui peuvent atteindre des tailles hors du commun, on peut s’y engouffrer pour admirer des stalactites et des stalagmites.
Ihosy est le point de jonction des routes nationales 7, 13 et 27. La 13, longue d’environ 500 kilomètres, menant à Fort-Dauphin passe par Betroka, Ambovombe et Amboasary Sud. Tandis que la 27 arrive à Farafangana au bout de 275 kilomètres de pistes secondaires en passant par Ivohibe.
Ranohira - Isalo : un paysage aux allures de western
Après les 40 kilomètres passés à rouler paisiblement sur les longues lignes droites du plateau d’Ihorombe, on arrive à Ranohira. Porte d’entrée du parc national de l’Isalo. Ce massif fait partie des nombreuses merveilles touristiques de Madagascar. On y trouve un nombre impressionnant d’animaux et de végétaux endémiques. Pas moins de 77 espèces d’oiseaux, 33 reptiles, 15 micromammifères et amphibiens et de nombreux lémuriens.
En plein milieu de ce paysage digne du farwest, les visiteurs peuvent admirer des formations rocheuses de grès sculptées par le temps. Les canyons, grottes, cascades et piscines naturelles se comptent par dizaine et apportent un peu de fraîcheur quand le soleil est au zénith.
En fin d'après-midi, les voyageurs sont toujours éblouis par le magnifique coucher de soleil qu’on contemple paisiblement au sommet du massif. Admirer le coucher du soleil au travers de la "fenêtre de l'Isalo" reste aussi un souvenir inoubliables pour ceux qui l'ont déjà fait.
Autre attraction des lieux, les tombeaux Bara creusés à même les parois des formations rocheuses. Ils ne sont pas couverts et laissent les cercueils bien visibles. Les tombeaux sont considérés comme provisoires quand ils se trouvent à un niveau plus bas. Définitifs quand ils sont placés en hauteur. Dans tous les cas, il est interdit de les pointer du doigt. Si l’envie de montrer un tombeau à quelqu’un est trop persistante chez vous, prenez soin de recroqueviller vos doigts. Définitivement, les Bara qui ont su garder jalousement leurs traditions croient que les défunts sont étroitement liés aux dieux.
Visiter le parc national de l'Isalo peut prendre des heures voire des jours. Mais l’aventure et les découvertes en valent largement le coup. Le plus important c’est de bien choisir son guide et son circuit. Emmenez aussi des bouteilles d’eau et de la crème solaire pour éviter d’attraper un mauvais coup de soleil.
Les saphirs d'Ilakaka
Depuis 1998, date de découverte des premiers saphirs à Ilakaka, la ville est passée d’une petite douzaine de hameaux à quelques dizaines de milliers d’habitants. La découverte d’un filon a été le début d’une ruée frénétique d’exploitants miniers de tous genres venus s’installer dans ce petit village jadis très paisible. Beaucoup ont tout abandonné dans l’espoir de devenir très riche en si peu de temps. Ils creusèrent par la seule force de leurs bras, des mines jusqu'à 15 mètres de profondeur. Avec des conditions de sécurité très précaires, les accidents furent très fréquents.
S’étendant sur plus de 30 kilomètres carrés, le gisement de saphirs d'Ilakaka est considéré comme l’un des plus grands au monde. Les saphirs à l’état naturel extraits sur place sont de toutes les couleurs : bleu, rose ou jaune. Des centaines de négociants pullulent dans la ville. Ils servent d’intermédiaires entre les mineurs et les étrangers venus de Sri-Lanka ou de Thaïlande qui s’y sont implantés pour négocier les pierres.
L’endroit est digne d’un décor de western. Il n’est pas rare de croiser dans la rue des hommes lourdement armés. Mais 20 ans plus tard, la ville a retrouvé petit à petit une vie plus calme. Aujourd’hui, commerce, restauration, transport et d'autres activités se sont développées pour accompagner la vie quotidienne des mineurs. Ilakaka est un passage obligé sur la route nationale 7. Si vous y faites une halte, il est vivement conseillé de prendre quelques règles de précaution : verrouiller son véhicule, ne pas laisser visibles vos objets de valeurs, ne pas s’aventurer tout seul dans les ruelles entre les maisons et les boutiques.
Tuléar, la ville du soleil
Tuléar, la ville qui ne dort jamais, est la capitale de la région Atsimo-Andrefana, la plus grande de Madagascar. La région s’étend sur 66 000 kilomètres carrés. Elle abrite pas moins de 4 réserves et parcs nationaux, en plus du massif du Makay. Elle compte également plus de 100 kilomètres de plages paradisiaques. Pour dire que c’est l’une des régions qui regorge le plus d’attractions touristiques à Madagascar. Les touristes en quête de faune et flore endémiques seront gâtés.
Le climat est encore plus aride. Ce n’est pas pour rien que Tuléar est surnommée la “Ville du soleil”. Le soleil est omniprésent tout au long de l’année. Le tropique du capricorne passe à quelques kilomètres seulement de là. Sur la route de Saint- Augustin, un petit village de pêcheurs “Vezo” à une trentaine de kilomètres de Tuléar, on aperçoit des stèles matérialisant ce parallèle imaginaire du globe terrestre. Ce village est situé au pied de grandes falaises calcaires blanches à l’embouchure du fleuve Onilahy. Saint Augustin se trouve également dans une grande baie où l’activité de pêche est très propice. L’après-midi, les pêcheurs ramènent des poissons à bord de leurs pirogues à balancier et les revendent auprès des restaurants du coin. Au large se trouve un îlot qui porte le nom de Nosy Ve, un des rares lieux de reproduction du Phaéton à brins rouges, une espèce d'oiseaux appelée aussi la paille-en-queue à queue rouge.
Sur la route de Saint Augustin, prenez le temps de visiter l’arboretum d’Antsokay, un parc botanique de 40 hectares fondé par le suisse Herman Petignat dans les années 80. Si vous avez la fibre scientifique, les noms Euphorbiaceae et Didiereaceae vous sont familiers. L’arboretum y conserve plus de 900 espèces dont la quasi-totalité est endémique à la région du Sud-Ouest de Madagascar et a des vertus médicinales.
A pirogue ou en voiture, on met le cap vers le sud à partir de Saint Augustin pour accéder aux sites balnéaires de Sarodrano et d’Anakao. La-bas, le sable est blanc, le ciel est bleu, la mer est limpide. Le paradis si vous cherchez le dépaysement total. Les plages sont paisibles et les poissons sont abondants dans les récifs coralliens. Il est possible d’y passer quelques nuits dans des hôtels tout aussi charmants que confortables.
En remontant le fleuve Onilahy, on débouche plus en amont sur une magnifique piscine naturelle qui porte le joli nom d’”Andoharano" ou la source en malgache. C’est un lieu d’excursion qui en ravirait plus d’un.
Encore plus au Sud se trouve le parc naturel de Tsimanampetsotse. Encore un trésor de la nature constitué d’une forêt épineuse sur le plateau calcaire de Mahafaly, parsemés de 222 espèces de plantes dont 180 endémiques de Madagascar, d'un lac salé et de plusieurs grottes et avens. La faune n’est pas en reste, on y dénombre 8 espèces de lémuriens dont trois en danger (dont le sifaka et le maki) 124 espèces d'oiseaux dont des flamants roses, 57 espèces de reptiles, 2 espèces de tortues, 4 espèces d'amphibiens, 3 espèces de carnivores dont le fosa, 9 espèces de chauves-souris, 9 espèces de mammifères.
Revenons maintenant dans la ville de Tuléar. Les sites à visiter ne manquent pas sur place. A commencer par le Musée de la Mer ou Musée de l'Institut Océanographique. On peut y observer des coraux, des algues, des éponges, des coquillages, des échinodermes, des poissons, des tortues et surtout un cœlacanthe. Ce dernier est une race de poisson dont les scientifiques disent qu’ils sont sur terre depuis la période dévonienne, c'est-à-dire, il a plus de 400 millions d’années.
La ville abrite également le Cedratom ou Musée des Arts et Traditions du Sud Malgache où les visiteurs pourront s’informer sur la vie quotidienne, l'artisanat et l'art funéraire de la population Mahafaly et Sakalava. Juste à côté se trouve le Musée régional de l'Université de Tuléar qui conserve une collection ethnologique et un œuf d’æpyornis. Cet animal faisant partie des ratites, appelé aussi oiseau-éléphant dont la taille pouvait dépasser 2 mètres, vécurent exclusivement à Madagascar dans les années 1000.
Mais la visite de la ville de Tuléar n’est pas complète sans passer par Miary, à quelques kilomètres du centre ville. Ce petit village abrite un arbre sacré de la variété des banians, appelé Fihamy. La population locale raconte que l’arbre est la réincarnation d’une jeune fille vierge et d’un garçon, sacrifiés pour sauver le village de la crue du fleuve Fiherenana. Il est interdit de toucher et encore moins couper l’arbre sacré dont les racines aériennes ont repoussé pour devenir aujourd'hui une espèce de petite forêt.
Si vous aurez encore du temps pour visiter d’autres merveilles de la région, rendez-vous dans l'aire protégée d’Amoron’i Onilahy. Le site abrite 9 espèces d’oiseaux, 27 espèces de mammifères, 55 espèces de reptiles dont 19 endémiques du Sud-Ouest de Madagascar.
Ifaty, fin de notre périple sur la route nationale 7
Après le sud de Tuléar, direction le Nord en empruntant la route qui mène jusqu’à Morombe. Après une vingtaine de kilomètres, on atterrit à Ifaty. Cette station balnéaire qui n’est pas sans rappeler Anakao ou Sarodrano. Les promenades en mer, la plongée sous-marine ou une simple baignade dans les eaux turquoises font partie des activités à faire sur place. La mer y est toujours calme et paisible.
Quelques pirogues à balancier naviguent au large de ce lagon bleu protégé par des récifs coralliens. A leur retour sur la terre ferme, les piroguiers vous proposent des langoustes et des poissons grillés qu’ils viennent de pêcher et préparer. Il y a aussi des oursins.
Après la plage, continuez votre périple par la visite de la “forêt de baobab”. Sur les 8 espèces de baobab qui existent dans le monde, on en compte 7 à Madagascar dont 6 endémiques. Ces arbres poussent de quelques millimètres par an. C’est pour dire qu’ils sont probablement âgés de quelques centaines d’années, voire un millier, maintenant que leur hauteur atteint jusqu’à 40 mètres. Dans la “forêt de Baobab” d’Ifaty qui s'étend sur une surface de 60 hectares et qui compte des centaines de spécimens, se côtoient plus de 1000 espèces végétales xérophiles, dont les arbres pieuvres "Didiéracées", 74 espèces animales comme des oiseaux, des tortues, des serpents, des lézards et des lémuriens.
Si vous êtes un grand fan de tortues, le “village des tortues” se trouve aussi à proximité. On y recense plus de 2000 individus de la famille des tortues rayonnées "Astrochelys radiata" et tortues araignées "Pyxis arachnoides".
Au bout des 1 000 kilomètres, le périple sur la route nationale 7 touche à sa fin. Il reste encore beaucoup de choses à découvrir. Au gré du voyage, n’hésitez pas à demander à vos guides ou à la population locale d'autres attractions locales dont vous n’avez pas encore entendu parler
CONSEILS POUR LES TOURISTES
Préparez votre itinéraire: La RN7 est un périple qui demande énormément de temps. Définissez les étapes que vous souhaitez visiter en fonction de vos centres d'intérêt et du temps disponible.
Réservez votre hébergement: Les options d'hébergement varient en fonction de votre budget et de vos préférences.
Apprenez quelques mots de malgache : même si le français est également parlé par de nombreuses personnes, la langue la plus utilisée à Madagascar est le malgache. Apprendre quelques mots de base vous permettra de mieux communiquer avec la population locale.
Il est possible de se déplacer en taxi-brousse mais de préférence accompagné par un guide ou une connaissance.
La monnaie officielle de Madagascar est l'ariary. Vous pourrez changer vos devises dans les banques et les bureaux de change.
Il est important de se faire vacciner contre la fièvre jaune et le paludisme avant de se rendre à Madagascar.
Respectez l'environnement: Madagascar est un pays fragile. Adoptez un comportement responsable et ne laissez aucune trace de votre passage.
Respectez les us et coutumes locaux : comme partout à Madagascar, chaque région a ses propres us et coutumes. Demandez conseils à vos guides sur le comportement à adopter lors de votre séjour
EN RÉSUMÉ
La route nationale 7 est une route unique qui vous permettra de découvrir la beauté et la diversité de Madagascar. Elle traverse des régions aux climats et aux reliefs variés, offrant aux voyageurs un spectacle époustouflant. Des plaines verdoyantes aux plateaux arides, des forêts tropicales luxuriantes aux massifs montagneux imposants, chaque étape réserve son lot de surprises et d'émerveillement.
Ce voyage initiatique vous emmène au cœur de l'âme de Madagascar. Laissez-vous transporter par ces paysages spectaculaires, rencontrez ses habitants chaleureux et vivez une expérience authentique et inoubliable. Explorez la culture et les traditions locales et laissez-vous envoûter par le charme de ce pays extraordinaire.
A DÉCOUVRIR
Parc national de Tsimanampetsotse / Massif du Makay / Morombe
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